A propos de l'auteur : WOELFL Joseph

WOELFL Joseph

Joseph WOELFL (1773-1812)

Contemporain de Beethoven, auquel il dédia trois de ses sonates, la pianiste virtuose et compositeur (il est l’auteur d’une soixantaine de sonates pour le pianoforte ainsi que de plusieurs opéras, symphonies, concertos pour le pianoforte, de pièces de musique de chambre, de ballets, de duos et trios, de lieder, etc...) Joseph Woelfl fut l’un des derniers représentants de l’école de Mozart. Bien qu’ayant de son vivant atteint une renommée internationale en tant que compositeur et pianiste virtuose aux mains gigantesques (il couvrait sans peine un intervalle de treizième), son nom fut relégué aux oubliettes sans raison apparente.

Enfant prodige, Il naquit à Salzbourg en 1773, où il fut formé par Leopold Mozart, père de Wolfgang Amadeus et Michel Haydn, frère de Josef.

Une fois établi à Vienne, en 1790, il se lia d’amitié avec WA MOZART, qui le recommanda au Comte Oginsky, au service duquel Woelfl entra à Varsovie et où il se fit très vite un nom en tant que virtuose, compositeur et professeur.

Il dut quitter la Pologne en raison des troubles qui y régnaient, et en 1795, de retour à Vienne, il devint le rival incontesté de Beethoven, qui, conscient du talent de son rival, alla même jusqu’à se produire sur scène avec lui. Les deux pianistes phares de l’époque se livrèrent maintes fois à des duels pianistiques en public, rivalisant d’effets de virtuosité, discipline dans laquelle Woelfl excellait, et d’improvisations, dans lesquelles Beethoven reprenait l’avantage. Ignaz von Seyfried écrit dans ce contexte : « Pour que le génie de Beethoven ait pris plaisir à ces tournois maintes fois renouvelés, pour qu’il ait accepté de partager avec son rival les faveurs du monde musical viennois, il fallait en vérité que ce Woelfl possédât de magnifiques ressources, une instruction des plus solides jointe à une tempérament des plus rares. »

Toujours à Vienne, trois opéras de Woelfl, Der Höllenberg, Der kopf ohne Mann et Das schöne Milchmädchen qui furent représentés au Théâtre de Vienne alors dirigé par Schickaneder, furent fort bien accueillis par le public. Les tournées qu’il entreprit entre 1799 et 1801 dans diverses villes lui valurent un succès incontesté. Wensceslas Tomasek, compositeur et pianiste tchèque, écrit par exemple : « La réputation extraordinaire de Woelfl rendait tous le musiciens de Prague désireux de l’entendre (...). Woelfl joua un concerto de sa composition avec une pureté et une précision sans pareille, il défie toute comparaison grâce au prodigieux développement de ses mains. »

En 1801, Woelfl quitta Vienne pour Paris. On peut lire dans le Journal de Paris du 28 octobre 1801 : « On a entendu dans des sociétés particulières à Paris le fameux Woelfl, l’un des hommes les plus étonnants de l’Europe sur le piano et l’on assure que dans le courant de l’hiver prochain le amateurs pourront l’entendre dans les concerts publics. »

Profitant de la notoriété acquise à Paris, il fit jouer deux de ses opéras, dont le premier, l’amour romanesque, fut vivement applaudi, alors que le second, Fernando ou les Maures, lui valut de connaître sont premier échec.

En 1805, Woelfl quitta Paris pour Londres, où ses concerts furent un triomphe absolu, consacrant sa renommée de façon définitive. Contrairement aux dires de Fetis, auteur d’une biographie de Beethoven, Woelfl devint à Londres le musicien à la mode, l’homme du jour.

L’explication de cette contradiction tient en quelques mots : à cause du blocus continental de novembre 1806, interdisant tout contact avec les îles britanniques, les journaux allemands cessèrent de publier les comptes rendus de la vie musicale londonienne, et de ce fait ; les traces de Woelfl se perdirent jusqu’à sa mort en 1812, annoncée le 23 mai 1812 dans le Morning Chronicle, ce qui incita l’auteur cité plus haut à prétendre que Woelfl était mort dans la misère seul et méconnu, ce qui nous semble contraire à la vérité historique, nous l’avons vu.

En effet, les derniers signes de vie de Woelfl dont on dispose, sous forme d’une lettre de Mars 1807 adressée à l’éditeur de musique Härtel, lettre montrant qu’il est sollicité de toutes parts et fort satisfait de son succès, réfutent clairement ces propos. Par ailleurs, Woelfl continua à composer des œuvres pour le piano jusqu’à sa mort, œuvres qui, par l’étendue inhabituelle de leurs intervalles, étaient injouables pour quiconque ne possédait pas des mains gigantesques comme les siennes, ce qui semblerait indiquer qu’il a continué à se produire sur scène jusqu’à sa mort. Pour finir, les dédicaces des morceaux qu’il composa à Londres, portant les noms de figures de proue de la musique de l’époque, dont Clementi, Cramer, Dizi, tout comme le fait qu’il fut le professeur de personnalités comme Charles Neate, co-fondateur de la Philharmonic Society et Ciprian Potter, directeur de la Royal Academy of Music nous portent à croire que Woelfl resta célèbre jusqu’à sa fin.

Laure Colladant

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