A propos de l'auteur : BORODINE Alexandre

BORODINE Alexandre

Alexandre Borodine est l'enfant naturel du prince géorgien Louka Stépanovitch Guédianov (Guédévanichvili), âgé de 62 ans, et de la fille d’un troupier de Narva, Evdokia (Eudoxie) Constantinovna Antonova, âgée de 25 ans, surnommée Dounia. Son père fait déclarer l’enfant par l’un de ses domestiques, Porphyre Borodine, conformément à l’usage de l’époque. Enfin, il veilla à ce que la mère ait toujours les moyens d’assurer à leur enfant une vie confortable et de solides études.

Il achète ainsi à la mère et au fils une maison de quatre étages et met Alexandre sur son testament avant de mourir. Il organise aussi alors le mariage d'Eudoxie avec un médecin militaire du nom de Kleinek. Comme le fait de donner naissance à des enfants hors mariage était considéré comme honteux par la société de l'époque, Eudoxie se fera passer pour sa tante aux yeux du monde. Alexandre reçoit cependant une excellente éducation à domicile, maîtrisant dès son plus jeune âge le français et l'allemand.

Le prince meurt lorsque Alexandre a sept ans et tout est assuré pour son établissement. Il a deux autres frères, reconnus aussi par des domestiques: Dimitri Sergueïevitch Alexandrov et Evgueny Fiodorovitch Fiodorov. Autodidacte, le jeune Alexandre apprend à jouer de très bonne heure de la flûte puis du piano et du violoncelle avec un camarade, Mikhaïl Chtchiglev. Il compose une polka (Hélène) à l'âge de neuf ans, puis compose un Concerto pour flûte et piano et un Trio pour deux violons et violoncelle à l'âge de treize ans. Sa mère et son beau-père le destinent à une carrière de médecin et il est inscrit à la faculté à l’âge de quinze ans. Il était passionné de chimie depuis l'âge de dix ans.

Après six ans d’études, il est engagé en 1856 à l’hôpital de l’armée territoriale, mais, trop sensible aux blessures, il obtient un poste de professeur à l’Académie militaire de chimie où il se révélera être un grand savant et collabore avec Nikolaï Zinine. Il fait connaissance en 1857 de Moussorgsky qui se fait soigner en tant qu'officier à l'hôpital militaire où travaille Borodine. Ce dernier reçoit son titre de docteur en médecine en 1858.

Grâce à ses études et à de nombreux congrès, il aura l’occasion de souvent voyager en Europe (Bruxelles, Heidelberg, Gênes, Rome, Paris, etc.). Au retour de son voyage d'études à l'université d'Heidelberg et à l'université de Paris, il est nommé professeur-assistant de l'Académie médico-chirurgicale. C’est au cours de ces voyages qu’il fait la connaissance de nombre d'érudits, et collaborera par la suite avec certains d’entre eux. Il rencontre sa future femme, pianiste talentueuse née Ekatérina Serguéïevna Protopopov, à Heidelberg en 1861. Elle lui fait découvrir Schumann, Chopin, Liszt. Ensemble, ils iront à Mannheim découvrir l’œuvre de Wagner.

Il fait partie du Groupe des Cinq, par l'entremise de Balakirev son créateur, dont il fait la connaissance en 1862. Le groupe est composé aussi de Rimski-Korsakov, de Cui et de Moussorgski, qu'il connaissait déjà. La musique russe était alors entièrement sous l'influence du pouvoir. Ils se regroupent et s'affranchissent de la musique « officielle ». Glazounov, élève prodigue de Rimsky-Korsakov, les rejoindra. Borodine fait aussi partie du cercle d'amis de Mitrophane Beliaïev, admirateur de Glinka et de la musique russe traditionnelle.

En 1862, Borodine compose un Quintette en ut mineur. C’est à cette époque qu’il se joint au fameux Groupe des Cinq. Tout en partageant les idées fondamentales du groupe, il se révéla moins hostile que ses condisciples à l’emprise germanique sur la musique russe. Il commence l’écriture de sa Symphonie nº 1 en mi bémol majeur, en décembre 1862 qu’il achève en 1867. Elle ne reçoit pas un bon accueil. Il commence la composition de sa Symphonie nº 2 en si mineur en 1869. Néanmoins il se sent prédestiné pour l’opéra et l’idée du Prince Igor fait son chemin. Borodine poursuit par ailleurs sa carrière scientifique.

En 1877, il visite les laboratoires d’un certain nombre d’universités allemandes. Il rencontre à cette occasion Franz Liszt à Weimar. Trois ans plus tard, en 1880, Liszt donne avec grand succès la Symphonie nº 1 en mi bémol majeur. Pour le remercier, Borodine lui dédie son poème symphonique, intitulé Dans les steppes d'Asie centrale qui connaît immédiatement un succès retentissant et durable et reste l'une de ses œuvres maîtresses. Après de profondes études ethnologiques et historiques, il entame la rédaction de l’opéra Le Prince Igor (dont sont extraites les célèbres Danses polovtsiennes), achevé après sa mort par Alexandre Glazounov et Rimski-Korsakov et créé au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, le 23 octobre (4 novembre) 1890.

Borodine est profondément affecté par la mort de Moussorgski en mars 1881. Son état physique se dégrade. Il souffre de plusieurs attaques cardiaques et même du choléra. Son œuvre, elle, commence à se diffuser en Europe. Il rend encore visite à Liszt à l’automne 1885. L’année suivante, il entame la composition d’une troisième symphonie, la Symphonie en la mineur qui restera inachevée.

Il continue la composition de son opéra Le Prince Igor, notamment l’ouverture et le chœur des prisonniers russes du deuxième acte, en 1886. Le 27 février 1887, il assiste à un bal masqué organisé par les professeurs de l’académie. Il s’effondre, victime d’un infarctus à l'âge de 54 ans. Son épouse ne lui survivra que cinq mois.

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