Edouard Souberbielle (1899-1986) fut un des plus grands organistes de son temps. Professeur du cours supérieur de l’école César-Franck, il a formé quelques-uns des interprètes les plus fameux de l’après-guerre : Michel Chapuis, Francis Chapelet, André Isoir…
Il a peu composé malgré le soutien actif de Poulenc et les encouragements de Viñès, Dukas et Ravel. Il laisse principalement des pages écrites dans sa jeunesse : un quatuor à cordes, un concerto d’orgue inachevé, Jeux d’enfants pour piano (1918)… Cette dernière œuvre fut donnée dans le cadre des concerts de la Société Musicale Indépendante, qui accueillait notamment les principaux acteurs du futur « Groupe des six ».
Au printemps 1918, Poulenc avait écrit à Souberbielle : « Ma séance de musique aura lieu le 13 mai. Je compte sur Prélude, chorale et fugue et sur vos Jeux d’enfants qui sont une chose exquise. » Il semble que l’œuvre ait été remaniée et achevée dans l’été. Le 2 novembre 1918, Poulenc précipite les choses : « Faites moi copier les Jeux d’enfants ». Le 13 novembre : « Les Jeux sont-ils prêts ? » Le 20 novembre 1918 : « La sonate pour clarinettes est prête (Il s’agit de la sonate pour deux clarinettes, dédiée à Edouard Souberbielle), gardez la transcription à deux mains pour vous et portez les parties à Durey. Celui-ci veut vous voir d’ailleurs ; il espère que vous voudrez bien lui donner la primeur de vos Jeux d’enfants joués par Viñes. » Quelques jours plus tard : « Avez-vous réclamé à Simone (Tilliard) les Jeux ? Sinon faites-le, et portez-les ensuite à Viñès qui veut les créer à la SMI. »
C’est finalement Marcelle Meyer qui créa l’œuvre le 21 décembre 1918.