« C’était le son du tango », titre qui est presque une anagramme latine de saxophone/guitare. Duo en trois mouvements, il s’agit d’une relecture sans prétention de quelques archétypes de cette danse (Tango et Milonga), née à l’aube du XXe siècle dans quelques bordels de Buenos Aires ou de Rio de la Plata : le rythme notamment, mais aussi la percussion (comme un souvenir du cajón), le caractère (nostalgique et langoureux) mais aussi le squelette harmonique (très reconnaissable dans le 3° mouvement) du célébrissime Libertango jadis composé par le maître incontesté du genre, Astor Piazzola. À la fin du XIXe, époque d'immigration massive, la société argentine connaît un déséquilibre important dans la répartition des sexes (54% d’hommes et 46 % de femmes). Du fait de la rareté des femmes et parce qu'il serait fort inconvenant qu’une jeune fille quitte la maison pour aller danser, les hommes s’entrainent souvent à danser ensemble dans les maisons closes de la ville. Aussi, dans les petits orchestres du début, la guitare et la flûte (ici remplacée par le saxophone) prédominaient. Le bandonéon – instrument aujourd’hui emblématique du genre – ne s’est imposé que bien plus tard. Pour caractériser cette nouvelle danse, rapidement importée à Paris, Georges Clémenceau lui-même dira : « On ne voit que des figures qui s'ennuient et des derrières qui s'amusent. »